La/the route

La/the route

jeudi 6 juin 2013

Bidule : Traversée Panama-Hawaï, résumé

Date : Jeudi, le 6 juin 2013, 13h00 heure de Honolulu
Postition à l'arrivée à Hilo : 19°43,810'N 155°03,718'W
Nombre de jour en mer : 61
Miles parcourus : 5410 mn
Moyenne de miles par jour : 88 mn

Elle va nous avoir fait travailler jusqu'à la fin celle-là! C'était pourtant bien commencé, du moins pour les deux premiers jours, un vent nous a poussés loin de la côte du Panama. Mais ensuite, très peu ou pas de vent pour les 50 prochains jours. C'est dur sur le moral de ne pas voir le bateau avancer et d'entendre les voiles fouetter par manque de vent tandis que l'état de la mer suggérerait un vent de force 4. On a l'impression que toutes les coutures vont finir par céder. Même au portant, nous avons eu beaucoup d'exercice de changement de voilure; monte le spi, descend le spi, tangonne le génois, enlève le tangon, monte la GV, baisse la GV, passe la voile au largue, retourne au vent arrière avec le tangon, plus de vent, tangonne le spi, enlève le tangon, … Par ailleurs, le paysage avec ses nuages de coton, une mer d'un bleu indescriptible, le soleil rayonnant et le ciel dégagé donnait envie de chanter le thème du Club Med. Pendant les 12 derniers jours, notre moyenne de vitesse a beaucoup augmentée. Une fois la zone de convergence intertropicale passée, nous avons eu droit à une moyenne de 15 à 20 nœuds de vent en plus des rafales. Est-ce que nous pouvons dire qu'elle était vraiment passée? Nous avons subi grains par-dessus grains jusqu'à la fin. Étant vent-de-travers et grand-largue, le bateau devenait trop ardent dans les rafales et trop mou quand le vent se calmait. Beaucoup d'ajustement de cap. Disparue la météo de vacances. Nous nous sommes réfugiés à l'intérieur pour éviter les paquets de mer et la pluie. Ce qui a été le plus frustrant était de ne pas pouvoir se fier sur l'information météo. Plus ils annonçaient du vent au sud de la zone de convergence, moins il y en avait. Comment savoir où aller pour avoir du vent? De plus, le " pilot chart " pour le Pacifique Nord indique qu'à cette période de l'année, les chances de pétole sont de 1% où nous nous trouvions. Non mais, faut-tu être chanceux pour tomber dans le 1% à 99% du temps? Au nord, on ne voyait pas toutes les dépressions sur nos cartes météos non plus. Un gros merci à ceux qui nous ont fourni de l'information pendant la traversée; Le trio de réseau du Capitaine; Nicole, Pierre et André, Claude (VE2AXY), les sœurs à Gaston et leur conjoint; Danielle et André ainsi que Nicole et Marcel.

En général, le moral à bord est quand même resté bon quoique qu'il y ait eu quelques moments de crise. Un soir, par pur découragement, nous avons tout affalé les voiles et sommes allés nous coucher. Le sommeil a été tellement profond que nous avons passé tout droit pour le Réseau du capitaine. Vous vous demandez peut-être : Pis les cargos et les bateaux de pêche? Quel cargo et bateaux de pêche? Sauf pour une nuit ou nous nous sommes retrouvés entouré d'une quinzaine de gros bateaux de pêche japonais, nous avons à peine remarqué l'existence d'autres bâtiments sur l'eau. Si nous restons éveillés, c'est surtout pour ajuster les voiles. Par ailleurs, faute de bateaux, nous avons eu la visite d'un beau gros requin, d'un troupeau d'une douzaine de baleines pilotes, d'un énorme banc de dauphins ainsi que de dorades (Mahi-Mahi) de couleur arc-en-ciel qui nageaient le long de la coque. Pendant un autre 24 heures, nous avons mis le cap sur les Marquises. Après 40 jours sans vent, nous en avions ras le bol! Ensuite le vent est revenu, un peu, et nous avons décidé que tant qu'à s'être déjà battu pendant tout ce temps, aussi bien continuer. L'erreur que nous faisons souvent est d'avoir un échéancier. Prendre 60 jours pour aller à Hawaï en tant que la destination finale n'est pas un problème. Par contre, notre projet étant de nous rendre à temps à Hawaï pour prendre la fenêtre météo vers l'Alaska avant juillet, car c'est la saison des typhons, nous donnait un échéancier autrement rigoureux. Cela nous ajoutait le stress d'avoir à avancer même pris dans une zone sans vent et d'user du carburant pourtant bien rationné. D'ailleurs notre visite d'Hawaï va devoir être très courte.
La bonne nouvelle est que nous n'avons subi ni blessure, ni maladie, ni bris majeur. Notre radar fonctionne de façon intermittente. Nous sommes en contact avec un fournisseur Furuno à Honolulu pour obtenir des pièces. Il n'était pas d'une grande utilité pour cette traversée mais va devenir nécessaire près des côtes de l'Alaska vu le risque élevé de brouillard. A un certain moment, nous devions éponger la cale aux heures. Nous avons découvert trois voies d'eau. Une connue est le joint de l'arbre d'hélice. L'installation n'est pas idéale. Nous allons essayer d'y remédier sous peu. En attendant, Gaston s'est fait des courbatures pour le changer. Une chance que nous en avions un autre en attente sur l'arbre. Nous avons découvert que nous avons un évent sur le circuit de la pompe de calle qui se retrouve sous la ligne de flottaison et qui fuyait si nous gîtions à bâbord (Ça n'arrive pas souvent faut croire). Pour éviter qu'il coule nous l'avons tout simplement bouché car la sortie finale est munie d'un col de cygne. Finalement, un collet de serrage sur le tuyau de la pompe qui vide l'évier de cuisine c'est brisé et a été remplacé. La cale est sèche depuis ce temps. Les bernacles que nous avons affectueusement surnommé les ta-bernacles qui se sont collé sur notre coque vu notre manque de vitesse fulgurante, nous ont non seulement ralenti pendant tout le voyage mais elles se sont amusées à boucher nos passe-coques. L'eau pour rincer la toilette était particulièrement difficile à pomper. Malgré une couche de peinture antisalissure assez récente, nous semblons avoir une réserve faunique sous la coque. Gaston a bien essayé de leur déclarer la guerre à l'aide de la gaffe sur laquelle il a fixé un grattoir mais c'est elles qui ont gagné.
Nous n'avons pas manqué d'électricité. Notre éolienne se converti en hydro-générateur et nous avons mis celui-ci à l'eau. Au portant, il est plus efficace que l'éolienne avec seulement 3 nœuds de vitesse. Combiné avec les panneaux solaires, nous avons suffisamment d'énergie même pour faire de l'eau. Notre petit désalinisateur fourni assez d'eau pour nos besoins quotidiens en mode économie. C'est-à-dire que la vaisselle, les douches et le lavage sont faits à l'eau salée. Par ailleurs, vu que celui-ci a déjà arrêté de fonctionner en traversée entre le Sénégal et le Brésil, nous avions des bouteilles d'eau minérale cachées un peu partout. Toutes les provisions de nourriture ajoutées au bateau avant le départ avaient fait baisser la ligne de flottaison. Nous ne mangeons plus de frais depuis longtemps mais il nous reste encore de quoi manger. Au pire, on aurait toujours pu ouvrir le radeau de survie pour aller chercher les biscuits de mer de secours. Les poissons ne mordaient pas à part une dorade au début. À la vitesse que nous allions, ils avaient le temps de bien observer le leurre et rire de nous! Gaston, le super chasseur, a réussi à nous harponner trois des dorades qui nageaient le long de la coque. Pour le diesel, ce n'est pas compliqué, on en a plus. Nous nous étions servi un peu du moteur au début pour aller chercher du vent. Ensuite, nous avons fait une première tentative pour traverser la zone de convergence près du 130?W mais la zone c'est allongée vers le nord à mesure que l'on progressait et un courant défavorable ainsi que les " ta-bernacles " nous permettaient une vitesse d'a peine 3,5 nœuds ; alors nous avons laissé tomber. Finalement, nous avons fait un dernier essai qui a été concluant quelques degrés plus loin faisant rouler le moteur jusqu'à ce qu'il étouffe. Le dernier 20 litres qu'il nous restait dans un jerrycan, nous l'avons gardé pour l'entrée au port.
J'ai répondu ci-dessus à la plupart des questions qui nous avait été posées par courriel mais celle que j'ai préférée était adressée à Gaston; comment il a fait pour me convaincre de faire plus de 5000 miles nautiques pour me rendre à Hawaï. J'ai un petit secret, c'est mon idée d'aller en Alaska. Je serais bien mal placée pour me plaindre que c'est trop long. J'aime la mer et je me sens bien ici. De toute façon je n'ai pas beaucoup de mérite car je ne souffre pas des maux dont plusieurs des femmes de navigateur m'ont dit être affligées; le mal de mer, la peur et l'ennui. Le mal de mer pour moi n'est qu'un problème passager. Il m'arrive souvent d'en souffrir légèrement au départ des côtes surtout si la mer est agitée. Mais ça fini par passer complètement. Je prends quelques pilules avant de partir et je prépare des repas pour deux ou trois jours à l'avance pour n'avoir qu'à réchauffer. J'ai des inquiétudes ou des anxiétés mais pas de peur. Faire de la voile n'est pas plus dangereux que de prendre sa voiture pour aller travailler. J'aime bien avoir une bonne préparation avant de partir et ensuite faire confiance en ce que nous avons fait. De plus, j'ai un AS réparateur et navigateur à bord qui règle tous les problèmes du bateau. Je ne vois pas comment je pourrais m'ennuyer. L'autre jour, j'ai mesuré une tasse de lentilles pour faire une soupe. Avant d'avoir eu le temps de mettre la tasse dans la casserole, une petite vague cochonne est venue frapper le bateau et l'a renversée. J'ai passé des heures de plaisir à jouer à 3552 ramasse! Plus sérieusement, vu que je n'ai pas le mal de mer, je peux me tenir sur la tête si c'est ce qui me chante. Juste préparer la nourriture avec les casseroles qui volent partout prend la plupart de mon temps.
Elle va être bonne la bière sur la terrasse!!!! Si on est capable de se tenir debout! (avant ou après?)

PS Si vous avez entendu une rumeur comme quoi Gaston aurait mis mes bobettes au mat dans le but d'exciter Éole pour qu'il se mette à souffler, c'est vrai. J'ai des photos. C'est ce que ça donne de faire 2000 mn en 30 jours.

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